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L’entretien individuel en entreprise : un outil d’évaluation sous-estimé mais décisif pour la gestion RH

Les entreprises françaises parlent beaucoup d’engagement, de performance et de gestion des compétences, mais elles négligent encore trop souvent un levier pourtant simple à déployer : l’entretien individuel. Ce rendez-vous entre un manager et son collaborateur permet d’évaluer les compétences, de revoir les objectifs et de recueillir le ressenti du salarié. Contrairement à l’entretien professionnel, il ne repose sur aucune obligation légale, ce qui entraîne parfois une certaine improvisation dans les pratiques internes. Lorsqu’il est utilisé correctement, il devient pourtant un outil stratégique capable d’améliorer la productivité, de réduire les risques sociaux et d’anticiper les situations sensibles pouvant aller jusqu’au contentieux.

Cet article propose une analyse approfondie du cadre juridique, des bonnes pratiques, des erreurs à éviter et de la manière concrète d’optimiser l’entretien individuel dans les entreprises françaises.

Définition et objectifs de l’entretien individuel

L’entretien individuel est un échange structuré entre un manager et l’un de ses collaborateurs. Il permet d’examiner l’évolution des compétences, de revenir sur les difficultés rencontrées et de mesurer la réalisation des objectifs fixés l’année précédente. Il s’effectue en face-à-face dans un lieu garantissant la confidentialité, et peut aussi servir de base à une augmentation salariale ou à l’attribution d’une prime. À l’inverse, un avis défavorable ne suffit pas à justifier un licenciement, mais il peut renforcer un dossier lorsque plusieurs éléments objectifs révèlent une insuffisance professionnelle.

La plupart des entreprises organisent ce rendez-vous chaque année. Aucune loi n’impose une fréquence, sauf dispositions prévues par certaines conventions collectives. Cette liberté contraste avec l’entretien professionnel, obligatoire tous les deux ans. Dans les faits, une grande partie des salariés y voient un moment essentiel pour exprimer leurs attentes, clarifier leurs objectifs et discuter des perspectives d’évolution.

Les enjeux stratégiques pour l’entreprise

L’entretien individuel ne doit jamais être considéré comme une simple formalité RH. Il influence directement la performance collective, la qualité du management et la prévention des risques sociaux. Le contenu de l’entretien dépend des priorités fixées par l’entreprise.

Lorsque l’objectif est de corriger une baisse de performance, l’entretien doit analyser les conditions de travail, les obstacles rencontrés et les ressources disponibles. Lorsqu’il s’agit d’améliorer la communication interne, l’échange doit explorer la circulation de l’information, la qualité des interactions avec l’équipe et les éventuelles tensions. Enfin, lorsqu’il vise à accompagner la montée en compétence, il doit se focaliser sur les besoins de formation et les perspectives d’évolution.

Un entretien bien préparé permet aussi d’identifier les signaux faibles : tensions latentes, surcharge de travail, sentiment d’isolement ou démotivation progressive. Dans un marché de l’emploi tendu, ces informations sont précieuses pour prévenir les départs non anticipés ou les conflits sociaux.

La préparation du rendez-vous : une étape déterminante

Improviser un entretien individuel expose l’entreprise à des frustrations, à des malentendus et à un sentiment d’injustice. La préparation est une étape incontournable.

Le manager doit disposer d’un support d’entretien structuré, d’un référentiel métier, d’un historique des objectifs et d’éléments concernant le plan de formation. Le collaborateur doit être prévenu suffisamment tôt pour préparer son propre bilan. Le choix du moment compte lui aussi : éviter les périodes de surcharge, choisir un lieu exempt d’interruptions et prévoir une durée d’au moins une heure permettent de garantir un échange serein.

Certaines entreprises remettent un questionnaire préalable aux salariés afin de faciliter leur réflexion. Cette démarche augmente la qualité de l’échange et permet de structurer les points à aborder.

Un moment d’échange qui exige méthode et savoir-faire managérial

L’entretien individuel n’est pas un monologue. Le collaborateur doit pouvoir s’exprimer librement, partager ses réussites et évoquer ses difficultés. Le manager doit poser un cadre clair, annoncer le déroulé du rendez-vous et encourager la transparence. Il doit également avoir le courage d’aborder les sujets sensibles et éviter les non-dits.

Lorsqu’une difficulté est identifiée, l’objectif est de trouver des solutions pragmatiques : formation, accompagnement par un collègue expérimenté, organisation différente des tâches ou réévaluation des priorités. Cette approche permet de renforcer la coopération et de sécuriser la performance.

Les obligations légales encadrant les entretiens individuels

Même si l’entretien individuel n’est pas obligatoire, il est encadré dès lors qu’il implique un système d’évaluation.

L’entreprise doit consulter le CSE lorsqu’elle met en place ou modifie significativement un dispositif d’évaluation susceptible d’avoir un impact sur les conditions de travail. Avant 2020, ce rôle était exercé par le CHSCT, désormais intégré au CSE.

Elle doit informer le salarié des méthodes d’évaluation utilisées, faute de quoi celui-ci peut saisir le juge pour en demander l’arrêt et obtenir réparation. Depuis l’entrée en vigueur du RGPD, il n’est plus nécessaire de déclarer le dispositif à la CNIL, mais l’entreprise doit documenter les traitements internes, sécuriser les données et informer les salariés de leur utilisation.

Les critères doivent être objectifs, vérifiables et exclusivement liés à l’activité professionnelle. Les sujets touchant à la vie privée sont strictement interdits. Le salarié ne peut pas refuser l’entretien sous peine de faute grave, ne peut pas exiger d’être assisté, mais conserve le droit d’accéder aux résultats et de formuler des observations écrites.

Les erreurs courantes à éviter

Les principales erreurs identifiées dans la pratique sont bien connues : un manque de préparation, un retard, des jugements subjectifs, un manque de feedback constructif, une focalisation excessive sur les points faibles, un monologue du manager ou un manque d’écoute.

L’entretien le plus contre-productif est celui expédié rapidement, sans préparation, entre deux réunions. Ce type d’échange génère de la frustration, nuit à l’engagement et constitue un terreau fertile pour les tensions sociales ou les demandes de rupture conventionnelle.

 

L’entretien individuel est un outil puissant pour renforcer la performance, anticiper les risques sociaux et structurer une gestion des compétences cohérente. Même sans obligation légale, il s’impose comme un levier essentiel du dialogue interne et du pilotage RH. Bien mené, il contribue à stabiliser les équipes, à sécuriser les décisions managériales et à renforcer la qualité du climat social.

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