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La rupture conventionnelle collective : une alternative au licenciement économique

La rupture conventionnelle collective (RCC) est un dispositif permettant aux entreprises d’organiser des départs volontaires sans recourir aux licenciements économiques ou aux démissions. Ce mécanisme repose sur un double accord : collectif, entre l’employeur et les syndicats, et individuel, entre l’employeur et chaque salarié concerné. Il s’agit d’un dispositif distinct du licenciement économique (article L. 1233-3 du code du travail) et de la rupture conventionnelle individuelle (article L. 1237-16).

Mise en place et conditions de la rupture conventionnelle collective

La RCC peut être mise en œuvre dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, à condition qu’un accord collectif soit conclu dans les règles du droit commun. Dans les entreprises de plus de 50 salariés avec des délégués syndicaux, l’accord doit être signé par des représentants syndicaux ayant recueilli au moins 50 % des suffrages exprimés lors des dernières élections professionnelles. Si cette condition n’est pas atteinte, un seuil de 30 % peut suffire, à condition qu’une consultation des salariés valide l’accord à la majorité.

Il n’y a aucune limite quant au nombre minimal ou maximal de départs envisagés.

Absence d’obligation de justification économique

Contrairement au licenciement économique, la RCC n’a pas besoin d’être justifiée par un motif économique (article L. 1233-3). Il est même possible d’organiser un nombre de départs volontaires supérieur au nombre d’emplois supprimés afin de faciliter des recrutements sur des postes vacants.

L’accord doit cependant exclure explicitement tout licenciement pour atteindre l’objectif fixé. Ce point est vérifié par la DIRECCTE (inspection du travail) lors de la validation de l’accord.

Garantie d’absence de licenciements

L’accord doit garantir le maintien dans l’emploi des salariés ne souhaitant pas partir. Toute tentative de contournement des obligations, par exemple en exerçant des pressions sur les salariés pour obtenir leur consentement, expose l’employeur à des sanctions sévères. En cas d’abus, la RCC peut être requalifiée en licenciement économique déguisé, annulé par le juge, avec des amendes pouvant atteindre 3 750 euros par salarié concerné.

Comparaison avec les plans de départs volontaires (PDV)

La RCC se distingue des plans de départs volontaires autonomes (PDV) sur plusieurs points :

  • La RCC nécessite obligatoirement un accord collectif, tandis que le PDV peut être mis en place par un accord ou unilatéralement par l’employeur.
  • Aucun motif économique n’est requis pour la RCC, contrairement au PDV.
  • Elle n’est pas soumise à des seuils de départs, ce qui la rend applicable quelle que soit la taille de l’entreprise.

Articulation avec les autres dispositifs

La RCC coexiste avec d’autres mécanismes comme les PDV et les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). Il est possible de passer d’une négociation de RCC à un PDV ou à un PSE mixte avec volontariat, mais dans ce cas, la procédure PSE doit être reprise à zéro.

La RCC ne peut pas être utilisée en cas de fermeture définitive d’un site ou de difficultés économiques avérées, ce qui fausserait le caractère volontaire du dispositif.

Réembauche et postes vacants après une rupture conventionnelle collective

Contrairement aux licenciements économiques, la RCC ne prévoit pas de priorité de réembauche sur les postes vacants. Les employeurs peuvent librement recruter après une RCC.

Accompagnement des salariés lors d’une rupture conventionnelle collective

Les accords RCC doivent inclure des mesures d’accompagnement telles que :

  • Formations, validations des acquis et reconversions professionnelles.
  • Aides à la création ou reprise d’entreprises.
  • Congé de mobilité, financé partiellement ou totalement par l’entreprise.

Le congé de reclassement et le contrat de sécurisation professionnelle ne sont pas compatibles avec la RCC, car ils relèvent du régime du licenciement économique.

Régime social et fiscal des indemnités

Les indemnités versées dans le cadre de la RCC bénéficient d’une exonération totale d’impôt sur le revenu. Elles sont également partiellement exonérées de cotisations sociales et de CSG/CRDS. Les rémunérations versées dans le cadre d’un congé de mobilité sont soumises au même régime que celles d’un congé de reclassement, dans la limite des 12 premiers mois.

Assurance chômage

Les salariés partant volontairement dans le cadre d’une RCC peuvent prétendre à l’assurance chômage, grâce à des modifications apportées aux articles L. 5421-1 et L. 5422-1 du code du travail.

Validation de l’accord

La validation de l’accord par la DREETS (ex DIRECCTE) est essentielle. Un dossier complet doit être transmis par voie dématérialisée, comprenant :

  • L’accord signé.
  • Les informations sur la régularité de sa conclusion.
  • Les modalités d’information du comité social et économique (CSE).

La DREETS dispose d’un délai de 15 jours pour instruire la demande. En cas de refus, un nouvel accord peut être négocié.

Revitalisation économique des territoires

Les entreprises de plus de 1 000 salariés ou appartenant à des groupes de cette taille sont soumises à une obligation de revitalisation si les suppressions d’emplois déséquilibrent les bassins d’emplois locaux. La DIRECCTE évalue cet impact et peut exiger des mesures compensatoires.

La rupture conventionnelle collective constitue un outil flexible pour organiser des départs volontaires tout en évitant les contraintes des licenciements économiques. Toutefois, elle nécessite un encadrement strict et des garanties pour les salariés afin d’éviter tout détournement de son objectif initial. Pour les employeurs, elle offre une alternative intéressante, mais elle impose une rigueur dans sa mise en place et son suivi afin de prévenir tout risque juridique ou social.

Avantages et inconvénients de la rupture conventionnelle pour l’employeur

La rupture conventionnelle est devenue l’outil favori de nombreux employeurs pour mettre fin à un CDI sans avoir à passer par la lourde mécanique du licenciement. Mais derrière sa souplesse apparente, elle recèle aussi des pièges financiers et juridiques qui peuvent transformer une solution pratique en cauchemar prud’homal.

Les avantages pour l’employeur

Une procédure simplifiée

Contrairement au licenciement, la rupture conventionnelle ne nécessite pas de justification d’un motif économique ou personnel. L’employeur évite ainsi le casse-tête du dossier disciplinaire ou de la justification économique.

Une relation apaisée

La rupture est négociée d’un commun accord, ce qui réduit en théorie le risque de tensions ou de conflits ouverts avec le salarié. Beaucoup d’employeurs y voient une façon d’éviter un licenciement brutal.

Une maîtrise du calendrier

Les parties fixent ensemble la date de rupture, sous réserve de l’homologation. Cela permet d’organiser le départ du salarié, de préparer son remplacement, voire d’adapter la charge de travail.

Un coût théoriquement limité

Le montant de l’indemnité spécifique est aligné sur l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, sans surcoût obligatoire. L’employeur n’a pas à verser d’indemnité compensatrice de préavis, sauf accord contraire.

Les inconvénients pour l’employeur

Un contrôle administratif obligatoire

Sans homologation de la Dreets (ou autorisation de l’inspecteur du travail pour les salariés protégés), la rupture est nulle. Le moindre oubli ou refus bloque la procédure et expose à un retour à la case départ.

Un risque contentieux important

Le salarié peut contester la convention dans les 12 mois, souvent en invoquant un vice de consentement (pression, harcèlement, menace de licenciement). Une rupture annulée se transforme alors en licenciement sans cause réelle et sérieuse, avec des indemnités lourdes pour l’employeur.

Un coût parfois sous-estimé

Si la convention collective prévoit une indemnité plus favorable que la loi, c’est elle qui s’impose. De plus, une mauvaise gestion du régime fiscal et social peut entraîner un redressement URSSAF.

Une dépendance au bon vouloir du salarié

La rupture conventionnelle ne peut pas être imposée. Si le salarié refuse de signer ou se rétracte dans les 15 jours, l’employeur se retrouve bloqué et doit repartir sur une autre procédure (licenciement ou maintien du contrat).

Quand la rupture conventionnelle est pertinente

  • Lorsque l’entreprise souhaite sécuriser une séparation amiable avec un salarié sans motif disciplinaire solide.

  • Quand le salarié a une ancienneté moyenne et qu’une indemnité équivalente à l’indemnité légale reste supportable.

  • Si l’employeur veut éviter une longue procédure prud’homale en cas de licenciement contesté.

Quand elle est à éviter

  • En cas de tensions fortes ou de conflit ouvert : le salarié pourrait signer sous pression et contester ensuite.

  • Avec un salarié protégé : la procédure est lourde et soumise à autorisation, avec une forte incertitude.

  • Lorsqu’il existe un motif économique collectif : la rupture conventionnelle ne peut pas servir à contourner un PSE ou un plan de départ volontaire.

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