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Épargne salariale : quelles possibilités pour les entreprises non soumises à l’obligation ?

L’épargne salariale ne concerne plus seulement les grands groupes. Depuis plusieurs années, l’État tente de convaincre les petites entreprises d’y recourir volontairement, avec une carotte fiscale à la clé. Pourtant, pour nombre de dirigeants de TPE ou PME, le dispositif reste perçu comme un labyrinthe administratif conçu pour les grandes structures.
Or, les entreprises non soumises à l’obligation légale de participation — c’est-à-dire celles de moins de 50 salariés — disposent aujourd’hui d’une palette complète d’outils facultatifs : participation volontaire, intéressement, prime de partage de la valeur (PPV), abondement sur un plan d’épargne, voire mise en place d’un plan d’épargne retraite collectif (PERECOL).

Derrière cette souplesse apparente, le droit du travail et la fiscalité continuent de tisser une toile serrée : la liberté existe, mais elle s’accompagne d’un formalisme exigeant. Et pour les petites entreprises, ce formalisme peut rapidement devenir dissuasif.

Les entreprises non soumises à l’obligation légale

Un seuil fixé à 50 salariés

L’obligation de mettre en place un dispositif de participation s’impose uniquement aux entreprises d’au moins 50 salariés, ayant réalisé un bénéfice fiscal suffisant pour générer une réserve spéciale de participation.
Cette obligation est définie par les articles L.3322-1 et suivants du Code du travail. En dessous de ce seuil, la participation demeure facultative.

Le calcul du seuil de 50 salariés obéit aux règles de l’article L.130-1 du Code de la sécurité sociale, c’est-à-dire sur la moyenne de l’effectif sur 12 mois consécutifs, en équivalent temps plein. Le franchissement du seuil doit être constaté pendant cinq années civiles consécutives pour déclencher l’obligation.

Autrement dit, une entreprise de 48 salariés qui passe temporairement à 52 pendant six mois n’entre pas immédiatement dans le champ obligatoire. Ce “lissage” offre une respiration bienvenue, mais il complique encore la lecture du dispositif.

Les entreprises concernées

Sont donc considérées comme non soumises à l’obligation :

  • les TPE (moins de 11 salariés) ;

  • les PME de 11 à 49 salariés ;

  • ainsi que les entreprises nouvellement créées, même si elles franchissent temporairement le seuil, tant qu’elles ne l’ont pas maintenu cinq ans consécutifs.

Ces structures peuvent choisir de mettre en place un dispositif d’épargne salariale volontairement, pour bénéficier des avantages fiscaux et sociaux associés, à condition de respecter le même formalisme que les entreprises assujetties.

Les dispositifs accessibles aux entreprises non assujetties

La participation volontaire

Toute entreprise, quelle que soit sa taille, peut instaurer une participation volontaire. Le mécanisme reste le même que celui applicable aux grandes entreprises : création d’une réserve spéciale de participation (RSP) calculée selon une formule libre, mais conforme à l’esprit de l’article L.3324-1 du Code du travail.

La participation volontaire doit être mise en place par accord collectif, ratification des deux tiers du personnel ou décision unilatérale dans les entreprises de moins de 50 salariés. Elle ouvre droit aux exonérations sociales et fiscales si l’accord est déposé dans les règles (via TéléAccords) et respecte les conditions légales.

En pratique, de nombreuses PME y voient une alternative à la hausse des salaires : une manière d’associer les salariés aux résultats sans alourdir les charges patronales.

L’intéressement : la formule la plus souple

L’intéressement reste le dispositif le plus adapté aux petites structures. Il permet de verser des primes collectives liées à des résultats, performances ou indicateurs objectifs, définis librement par l’entreprise.

L’accord peut être conclu pour une durée de 1 à 5 ans, avec possibilité de reconduction tacite. Il doit être signé avant le premier jour de la deuxième moitié de la période de calcul (généralement avant le 1er juillet pour un exercice calendaire).

Les primes d’intéressement bénéficient d’une exonération totale de cotisations sociales, et sont déductibles du bénéfice imposable. Les entreprises de moins de 250 salariés sont exonérées de forfait social, un avantage financier majeur.

La prime de partage de la valeur (PPV)

La PPV s’impose désormais comme le dispositif phare des petites entreprises.
Accessible à toutes les structures, elle peut être mise en place par accord collectif ou décision unilatérale. Elle bénéficie d’une exonération totale de charges sociales et d’impôt sur le revenu pour les salariés percevant moins de 3 Smic, à condition que l’entreprise compte moins de 50 salariés et verse la prime avant le 31 décembre 2026.

Le plafond d’exonération est fixé à 3 000 € par salarié et par an, porté à 6 000 € si l’entreprise dispose déjà d’un accord de participation ou d’intéressement.

Au-delà de ce seuil, la PPV est soumise aux contributions sociales classiques. Elle peut être versée en une ou plusieurs fois (dans la limite d’un versement par trimestre), et même affectée à un plan d’épargne salariale si le règlement du plan le permet.

Les modalités de mise en place : un formalisme identique aux grandes entreprises

Trois voies possibles

Même pour une mise en place volontaire, les entreprises non assujetties doivent respecter les mêmes formes juridiques que les grandes entreprises :

  1. Accord collectif (conclu avec les délégués syndicaux ou le CSE) ;

  2. Ratification par les deux tiers du personnel ;

  3. Décision unilatérale de l’employeur, réservée aux entreprises de moins de 50 salariés en l’absence de représentants du personnel.

Dans tous les cas, l’accord ou la décision doit préciser les modalités de calcul, de répartition, de versement et de gestion des fonds, ainsi que les règles de suivi et d’information des salariés.

Le dépôt obligatoire sur TéléAccords

L’accord ou la décision unilatérale doit être déposé électroniquement sur la plateforme TéléAccords dans un délai de 15 jours à compter de la signature.
Ce dépôt conditionne l’accès aux exonérations sociales et fiscales. En pratique, un oubli ou un dépôt hors délai peut entraîner une requalification du dispositif et l’assujettissement intégral des primes aux cotisations.

Cette étape, souvent négligée par les petites structures, reste la condition juridique de validité fiscale du dispositif.

Les avantages fiscaux et sociaux : une incitation renforcée

Les dispositifs d’épargne salariale volontaires bénéficient d’un régime fiscal et social identique à celui des entreprises assujetties.

  • Les sommes versées (participation, intéressement, PPV, abondement) sont exonérées de cotisations sociales, hors CSG et CRDS.

  • Elles sont déductibles du bénéfice imposable pour l’entreprise.

  • Elles n’entraînent aucune charge supplémentaire pour les salariés, sauf en cas de versement direct sans placement.

Pour les salariés à bas revenus, les sommes peuvent être nettes d’impôt lorsqu’elles sont affectées à un plan d’épargne (PEE, PERECOL ou PEROB).

L’ensemble du dispositif constitue donc une forme de “rémunération optimisée”, fiscalement plus avantageuse qu’une prime classique, à condition de respecter le formalisme prévu.

L’expérimentation du « partage de la valeur » : un levier temporaire

La loi du 29 novembre 2023 relative au partage de la valeur au sein de l’entreprise a introduit une phase expérimentale jusqu’au 31 décembre 2026.
Durant cette période, les entreprises de 11 à 49 salariés disposant d’un résultat net positif pendant trois exercices consécutifs doivent négocier au moins un dispositif de partage de la valeur : participation, intéressement, PPV ou abondement sur un plan d’épargne.

Cette obligation expérimentale vise à généraliser la diffusion de l’épargne salariale dans les PME. Toutefois, elle n’impose pas la mise en place effective d’un dispositif si les négociations n’aboutissent pas.

Autrement dit, l’entreprise doit prouver qu’elle a ouvert la négociation, mais reste libre de ne rien instaurer. En cas d’absence totale de démarche, elle s’expose à une critique du dialogue social, voire à des difficultés lors d’un contrôle DREETS.

Quelle stratégie pour les PME et TPE ?

Pour les petites entreprises, l’épargne salariale reste un levier stratégique à condition d’en mesurer les coûts et les avantages.

  • Les très petites entreprises (moins de 11 salariés) privilégient souvent la PPV, simple à mettre en place, peu coûteuse et exonérée de cotisations.

  • Les PME de 11 à 49 salariés peuvent envisager un accord d’intéressement pour renforcer la motivation collective, tout en profitant de l’exonération de forfait social.

  • Enfin, les structures souhaitant fidéliser leurs cadres peuvent ajouter un PERECOL ou un PEROB, voire combiner plusieurs dispositifs.

Cette approche modulaire permet d’ajuster le niveau d’engagement financier et la durée des accords, tout en évitant la rigidité de la participation obligatoire.

La liberté sous condition

L’épargne salariale, pour les entreprises non assujetties, se présente comme une opportunité séduisante : fiscalement avantageuse, socialement valorisante et juridiquement accessible. Mais la simplicité affichée par le législateur reste en trompe-l’œil.
La mise en place d’un accord, le dépôt sur TéléAccords, l’information des salariés et la traçabilité des calculs exigent une rigueur que peu de TPE peuvent assurer seules.

Pourtant, bien maîtrisée, l’épargne salariale volontaire offre un double avantage : elle améliore le pouvoir d’achat des salariés sans alourdir les charges, et elle renforce la cohésion interne à moindre coût.
Encore faut-il que l’administration accepte de simplifier réellement les démarches. Car pour les petites entreprises, la complexité reste le principal frein au partage de la valeur.

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