La facture électronique obligatoire à partir de 2026-2027 ouvre la voie à une dématérialisation totale des flux de facturation. Si cette réforme est présentée comme un progrès, elle accroît aussi les risques liés à la cybersécurité. Falsification de factures, piratage de données, interruption de services : les menaces se multiplient, et les entreprises doivent repenser leur couverture assurantielle. Ce chantier est trop souvent négligé, alors qu’il peut coûter très cher en cas d’incident.
De nouvelles menaces pour les entreprises
Avec la transmission systématique des factures via des plateformes de dématérialisation, plusieurs scénarios de risque deviennent probables :
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fraude à la facture : modification des coordonnées bancaires pour détourner un paiement,
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piratage de flux : interception des données sensibles lors de la transmission,
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attaque par ransomware : blocage des systèmes de facturation contre rançon,
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interruption de service : indisponibilité temporaire d’une PDP ou d’un opérateur de dématérialisation.
Ces risques peuvent entraîner non seulement des pertes financières directes, mais aussi un blocage de la trésorerie et des litiges avec clients ou fournisseurs.
Les limites de la responsabilité des prestataires
Beaucoup d’entreprises pensent que le choix d’une PDP ou d’un OD certifié les protège totalement. C’est une erreur. En cas de cyberattaque ou de perte de données, la responsabilité finale reste toujours celle de l’entreprise émettrice ou réceptrice.
Certes, les prestataires doivent mettre en place des mesures de sécurité, mais les contrats limitent souvent leur responsabilité. Une entreprise qui ne prévoit pas de garanties complémentaires se retrouve exposée sans recours réel en cas de sinistre majeur.
L’importance d’une couverture assurantielle adaptée
Face à ces menaces, il devient indispensable de vérifier ses contrats d’assurance. Beaucoup de polices classiques n’incluent pas les risques liés à la cybersécurité ou les excluent explicitement. Les entreprises doivent donc envisager :
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une assurance cyber-risque, couvrant les pertes financières, les frais de remédiation et la responsabilité vis-à-vis des tiers,
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une extension de garantie sur la fraude et la falsification de factures,
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une couverture spécifique en cas d’interruption de service impactant la facturation et donc la trésorerie.
Les dirigeants doivent aussi comparer les plafonds d’indemnisation et les délais de mise en œuvre, souvent insuffisants dans les contrats standards.
Les obligations RGPD et leurs conséquences
Une cyberattaque touchant des factures électroniques peut aussi constituer une violation de données personnelles au sens du RGPD. Dans ce cas, l’entreprise doit en informer la CNIL et les personnes concernées. Les sanctions peuvent atteindre 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial.
Au-delà des amendes, l’impact réputationnel d’une telle violation peut être catastrophique, notamment pour les PME et ETI.
Un sujet à anticiper dès maintenant
La facture électronique transforme la facturation en un flux numérique centralisé, et donc vulnérable. Attendre 2026 pour s’interroger sur la cybersécurité et l’assurance est une stratégie à haut risque. Les dirigeants doivent dès aujourd’hui :
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auditer la sécurité de leurs systèmes,
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revoir leurs contrats d’assurance,
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négocier des garanties adaptées avec leurs prestataires,
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sensibiliser leurs équipes aux nouveaux risques.
La cybersécurité et l’assurance ne sont pas des détails techniques : ce sont des enjeux stratégiques pour la survie financière de l’entreprise.