La généralisation de la facture électronique ne repose pas uniquement sur un changement de format. Elle s’accompagne de la mise en place d’un nouvel écosystème d’intermédiaires : les plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) et les opérateurs de dématérialisation (OD). Ces acteurs joueront un rôle central dans la transmission et la conformité des factures. Pour les entreprises, comprendre leurs missions et savoir lequel choisir est un enjeu stratégique.
Les PDP : plateformes agréées et certifiées par l’administration
Les PDP seront des plateformes privées, certifiées par l’administration fiscale, habilitées à recevoir, traiter et transmettre les factures électroniques. Elles auront plusieurs missions essentielles :
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garantir la conformité des factures au format structuré imposé (Factur-X, UBL, CII),
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assurer la transmission des données aux autres PDP et aux systèmes de l’administration,
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sécuriser les échanges en respectant les standards européens (interopérabilité, PEPPOL),
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fournir aux entreprises des services complémentaires (suivi des paiements, archivage, reporting).
Pour les grandes entreprises et les ETI, le choix d’une PDP sera quasi incontournable afin de gérer efficacement des volumes importants de factures.
Les OD : des relais techniques non certifiés
Les opérateurs de dématérialisation (OD) sont des prestataires qui aident les entreprises à convertir leurs factures au bon format et à les transmettre à une PDP. Contrairement aux PDP, les OD ne sont pas certifiés par l’administration et n’ont pas le droit de communiquer directement les données fiscales.
En pratique, l’OD agit comme un sous-traitant technique : il adapte les factures, automatise les flux, mais doit obligatoirement s’appuyer sur une PDP pour finaliser la transmission. Pour les TPE et les PME, cette solution peut représenter un compromis intéressant, à condition de s’assurer de la fiabilité de l’OD choisi.
PDP ou OD : que choisir pour son entreprise ?
Le choix dépend avant tout de la taille de l’entreprise et de la complexité de ses flux :
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Une TPE qui émet un faible volume de factures peut se contenter d’un OD relié à une PDP, afin de limiter les coûts.
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Une PME en croissance aura intérêt à contractualiser directement avec une PDP pour bénéficier de services élargis (gestion des litiges, suivi de trésorerie, intégration avec l’ERP).
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Une grande entreprise ou un groupe international n’aura d’autre choix que de travailler avec une PDP, afin de garantir la conformité et la traçabilité de milliers de factures.
Dans tous les cas, l’entreprise demeure responsable de la conformité des factures. Une erreur ou un défaut de transmission ne pourra pas être imputé à la plateforme ou à l’opérateur : les sanctions financières retomberont directement sur l’émetteur.
Un enjeu stratégique pour les dirigeants et leurs conseils
La désignation de ces nouveaux acteurs transforme la facture électronique en un marché concurrentiel. Les PDP proposeront des services variés, avec des coûts et des fonctionnalités très différents. Les dirigeants devront comparer attentivement les offres, évaluer leur interopérabilité et anticiper les besoins futurs de l’entreprise.
Les experts-comptables devront, eux, accompagner leurs clients dans ce choix et vérifier que les flux sont correctement intégrés aux outils comptables. Quant aux avocats, ils auront un rôle à jouer dans la sécurisation contractuelle des relations entre entreprises et prestataires.