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TVA et location de véhicules : limites, exceptions et contrôle fiscal

La location de véhicules est une dépense courante pour certaines entreprises, qu’il s’agisse d’un déplacement ponctuel ou d’un besoin récurrent. Mais la règle fiscale en matière de TVA est sans concession : dans la plupart des cas, la déduction est interdite. Trop d’entreprises pensent encore qu’un véhicule loué pour une mission professionnelle permet de récupérer la TVA. C’est une erreur classique qui entraîne des rejets et expose à un contrôle fiscal renforcé.

Ce que dit la loi

L’article 206-IV-2 du Code général des impôts pose le principe : la TVA n’est pas déductible pour « les véhicules ou engins, quelle que soit leur nature, conçus pour transporter des personnes ou à usages mixtes ». Traduction : tout véhicule de tourisme est automatiquement exclu, qu’il s’agisse d’une voiture, d’un scooter ou d’une moto. Peu importe que le trajet soit purement professionnel, la TVA reste bloquée.

Les limites de la déduction

L’interdiction couvre aussi bien la location ponctuelle que les contrats longue durée. Ainsi, une entreprise qui loue une voiture pour un déplacement client ne pourra jamais déduire la TVA de cette dépense. La même règle s’applique pour un scooter de livraison ou une moto de fonction, dès lors que le véhicule peut transporter une personne.

En revanche, les dépenses liées à ces véhicules (entretien, réparations, frais accessoires) ouvrent droit à récupération de TVA, mais uniquement dans la mesure où le véhicule est utilisé dans le cadre de l’activité. L’administration est stricte sur la proportionnalité : si le véhicule est utilisé à titre mixte (pro et perso), la déduction est limitée au prorata.

L’exception des véhicules utilitaires

La seule véritable brèche dans cette règle est l’exception accordée aux véhicules utilitaires. Camionnettes, fourgons ou tout autre véhicule exclusivement destiné au transport de marchandises ouvrent droit à la récupération intégrale de la TVA, aussi bien sur la location que sur l’entretien et les réparations.

Un exemple concret : une société de BTP qui loue une camionnette pour un chantier pourra récupérer l’intégralité de la TVA. Mais si la même société loue une berline pour transporter ses dirigeants, aucune déduction ne sera possible, même si l’usage est exclusivement professionnel.

Cas particuliers et points de vigilance

Plusieurs situations créent régulièrement des erreurs de traitement :

  • Véhicules de fonction mis à disposition des dirigeants : la TVA sur la location est systématiquement exclue, quel que soit l’usage déclaré.

  • Véhicules mixtes : un véhicule qui transporte à la fois du matériel et des personnes est considéré comme un véhicule de tourisme si sa conception le permet. La TVA reste donc non déductible.

  • Véhicules de remplacement : si une entreprise loue une voiture en attendant la réparation d’un utilitaire, la TVA n’est pas récupérable, sauf si le véhicule de remplacement est lui-même un utilitaire.

Les risques en cas de mauvaise application

La TVA sur les véhicules fait partie des postes les plus surveillés par l’administration fiscale. Les erreurs de qualification (tourisme vs utilitaire) sont fréquentes et donnent lieu à des redressements. Le rejet de TVA n’est pas la seule sanction : l’entreprise peut aussi être accusée de manquement délibéré si elle a systématiquement appliqué une déduction interdite. Les pénalités s’élèvent alors à 40 %, voire 80 % en cas de mauvaise foi caractérisée.

De plus, en cas de mise à disposition d’un véhicule de tourisme au dirigeant ou à un salarié, l’URSSAF peut requalifier l’avantage en nature et réclamer des cotisations sociales supplémentaires.

Bonnes pratiques pour rester conforme

Pour éviter les déconvenues lors d’un contrôle, les entreprises doivent appliquer quelques règles simples :

  • distinguer strictement véhicules de tourisme et utilitaires, sans se fier uniquement à l’usage réel mais à la conception du véhicule ;

  • exiger des factures détaillées mentionnant clairement la nature du véhicule loué ;

  • appliquer la récupération de TVA uniquement pour les véhicules utilitaires ;

  • conserver les justificatifs liés aux frais d’entretien et de réparation des véhicules, qui peuvent être partiellement déductibles ;

  • sensibiliser les équipes financières et comptables pour éviter les erreurs systématiques de traitement.

En résumé, la location de véhicules illustre parfaitement l’absurdité et la complexité du système fiscal français. Une entreprise peut louer un véhicule pour un déplacement purement professionnel et se voir interdire toute récupération de TVA, simplement parce que le véhicule est classé « de tourisme ». À l’inverse, la location d’une camionnette, même ponctuelle, permet une déduction intégrale. Face à cette logique bancale, les entreprises n’ont pas d’autre choix que la rigueur : appliquer à la lettre les exclusions et conserver des justificatifs irréprochables. Faute de quoi, la facture du redressement risque d’être bien plus lourde que celle de la location elle-même.

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